Résultats de l'appel à projets Recherche 2024 en Production Biologique
Lors de sa séance du 19 décembre 2024, le Gouvernement wallon a décidé de financer 8 projets de Recherche en Production Biologique. Ces projets ont été sélectionnés à la suite de l’appel à projets lancé le 20 février 2024 dans le cadre du Plan Bio 2030. Les projets sont financés par le Plan de Relance de la Wallonie – fiche projet 202b.
Les 5 thématiques de l’appel à projets étaient les suivantes
Thématique 1 - Recherche de moyens de lutte face aux ravageurs en AB
Thématique 2 - Recherche sur la gestion des adventices en AB
Thématique 3 - Recherche sur la détermination des gènes de résistance au mildiou au sein de la cinquantaine de variétés de pomme de terre disponibles sur le marché (travail de laboratoire, en excluant les tests de nouvelles variétés in situ)
Thématique 4 - Recherche sur la gestion du sol (qualité, lutte érosion, …) en AB
Thématique 5 - Recherche afin d’améliorer la récolte des haricots en culture de plein champ afin de réduire les pertes (adaptation du matériel de récolte au vu de la situation particulière en AB)
Ci-dessous, les projets de recherche en production biologique sélectionnés lors de l’appel à projets 2024 et soutenus financièrement par la Wallonie #WallonieRelance
R2024-01 - ABC SOIL2WEED
R2024-02 - PeaAphid
R2024-03 - PROGRES
R2024-05 - SolAB
R2024-06 - pEPSI
R2024-08 CARVISOL
R2024-10 - CropFightsWeeds
R2024-11 - LIPOMME-Bio 2.0
Descriptifs des projets sélectionnés
R2024-01 - ABC SOIL2WEED
Evaluation systémique des effets de l’agriculture biologique (AB) et de l’agriculture biologique de conservation (ABC) sur la flore adventice et ses impacts sur le développement cultural
Coordinateur : Didier Stilmant, Centre wallon de Recherches agronomiques.
De par la compétition qu’elle induit et le risque de perte de rendement important en l’absence d’intervention adéquate, la gestion des adventices constitue l’un des défis majeurs en agriculture biologique (AB). Pour pallier à la non utilisation d’herbicides, un ensemble de pratiques et de leviers agronomiques sont nécessaires, tel qu’une rotation de cultures diversifiée, le décalage de la date de semis, le désherbage mécanique ou encore le travail du sol. Le labour, bien que reconnu pour sa capacité à gérer les adventices à long terme, présente des inconvénients tels que l'augmentation des risques d'érosion, ce qui incite certains agriculteurs à explorer l'agriculture biologique de conservation (ABC). Ceux-ci font face à l’énorme défi de gérer la flore adventice sur le long terme, ce qui constitue le frein principal à l’adoption de ce mode de production. Le but de ce projet est d’évaluer des itinéraires techniques permettant une gestion durable de la flore adventice, tant en AB traditionnelle qu’en ABC, d’identifier les pratiques prometteuses, et de quantifier les impacts sur le potentiel de production. Des données relatives à la composition de la flore adventices, l’abondance des espèces et leurs potentiels de nuisibilité sur la culture seront récoltées. Des analyses multicritères prenant en compte les adventices, les performances agronomiques et l’impact sur les caractéristiques du sol seront réalisés. Pour parvenir aux objectifs, l'essai de longue durée SYCBIO du CRA-W ainsi qu’un réseau d’agriculteurs répartis entre Tournais et Huy pratiquant l’AB et l’ABC sur des parcelles adjacentes seront mobilisés, permettant la prise en compte d’un panel contrasté de contextes pédo-climatiques et de techniques. Les résultats de cette étude seront diffusés lors de plusieurs événements, notamment les journées du bio en 2025 et 2026, ainsi que dans des articles scientifiques et de vulgarisation (2eme année de projet).
R2024-02 - PeaAphid
Contrôle biologique des pucerons dans les filières pois.
Coordinateur : Frédéric Francis, Université de Liège.
La recherche de stratégies innovantes et efficaces pour contrôler les pucerons et les maladies virales est d'une grande importance d’autant plus en agriculture biologique. L'utilisation de substances sémiochimiques repoussant les pucerons et attirant les auxiliaires aphidiphages est une stratégie intéressante. L’E-β-farnesene (EβF) joue un rôle primordial dans les interactions intraspécifiques et interspécifiques des pucerons, y compris les changements de comportement des pucerons interférant avec la transmission virale en tenant compte des effets directs et indirects des prédateurs et parasitoïdes aphidiphages. Aussi, une approche ≪ attract & kill ≫ pour piéger spécifiquement les pucerons sera aussi proposée avec des molécules attractives de type ≪ notes vertes ≫. De plus, les champignons entomopathogènes peuvent être utilises pour lutter contre les pucerons sans nuire a l'entomofaune bénéfique. L'objectif global du projet sera d'assurer la mise en œuvre d'approches complémentaires, compatibles a savoir l'utilisation conjointe de sémiochimiques et de champignons entomopathogènes. Cela profitera aux agriculteurs de Wallonie et créera des synergies a partir des données expérimentales entre les partenaires de l'université et Biowallonie représentant les acteurs de terrain en développant des stratégies innovantes de lutte contre les pucerons. Des approches biologiques dans les cultures de pois pour lutter contre les pucerons et les maladies virales associées seront proposées et vulgarisées pour les agriculteurs en Wallonie avec un programme de mise en œuvre stratégique par le biais d’itinéraires techniques en fonction du niveau d'infestation par les pucerons.
R2024-03 – PROGRES
Identification et compréhension des processus génique de résistance au mildiou (Phytophthora infestans) pour une production biologique plus durable de la pomme de terre.
Coordinatrice : Fadia Chairi, Centre wallon de Recherches agronomiques.
Notre objectif est d'identifier les gènes de résistance impliqués et de comprendre les mécanismes sous-jacents pour développer des stratégies durables de gestion de cette maladie. Le projet vise à renforcer la résistance des variétés de pommes de terre au mildiou, une menace majeure pour l'agriculture biologique. Pour ce faire, nous collecterons une diversité de variétés de pommes de terre et de souches de Phytophthora infestans afin de constituer une base de données exhaustive. En utilisant des marqueurs moléculaires, nous vérifierons l'identité variétale pour garantir la fiabilité des données. En parallèle, nous identifierons les gènes de résistance au mildiou et créerons une base de données ouverte contenant leurs séquences génétiques associées. Grâce à ces données, nous développerons un outil de prédiction basé sur le profil génétique des variétés de pommes de terre, permettant d'évaluer leur capacité de résistance aux souches de Phytophthora infestans. Nous validerons ensuite cette approche en conditions contrôlées et en utilisant des analyses transcriptomiques. Les résultats de notre projet seront diffusés auprès des agriculteurs et des acteurs de la filière agricole pour favoriser leur application pratique. Nous prévoyons que les premiers résultats significatifs seront disponibles dans les deux à trois ans suivant le début du projet, avec une continuation du travail pour assurer une mise en oeuvre efficace des recommandations dans la pratique agricole. En résumé, le projet vise à développer des stratégies durables de gestion de la résistance des pommes de terre au mildiou en agriculture biologique, en identifiant les gènes de résistance et en développant des outils de prédiction.
R2024-05 – SolAB
La gestion des sols en AB : quelles pratiques pour optimiser les services rendus par le sol en Région wallonne (SolAB) ?
Coordinateur : Brieuc Hardy, Centre wallon de Recherches agronomiques.
Le secteur de l’agriculture biologique (AB) wallon a besoin de références locales pour : i) évaluer la faisabilité et les bénéfices de la réduction de travail du sol, ii) quantifier les aménités des systèmes de production biologique, iii) lutter contre la perte en matière organique du sol et les risques d'érosion dans les régions de grandes cultures. Le projet SolAB propose d’apporter des réponses à ces questions via une analyse intégrée de la qualité du sol pour une sélection de parcelles en AB représentatives de la diversité des situations wallonnes et l'analyse fine des résultats en regard de l’orientation des fermes et des pratiques de gestion du sol. La force principale du projet repose sur l'association d'acteurs clés du développement de l’AB en Région Wallonne (BIOWALLONIE, CRA-W) avec différents spécialistes de l'analyse de sol aux expertises complémentaires (ULiège, UCLouvain, CRA-W). Le projet ambitionne de suivre deux types de dispositifs expérimentaux : 1) Des dispositifs d'essais au champ qui permettent de comparer des systèmes de culture innovants (bio sans labour, pour la plupart) à un système témoin. Ces essais permettront de tester des pratiques qui présentent un haut niveau de risque économique pour les agriculteurs afin d'évaluer leurs bienfaits pour la qualité du sol en même temps que leur faisabilité technique dans les fermes bio wallonnes. 2) Un réseau élargi de parcelles en ferme, qui permettra d’appréhender une diversité de situations réelles à l’échelle régionale et ainsi d’appuyer la représentativité des références fournies au secteur agricole. Les paramètres de sol suivis sont en lien avec trois types de services rendus par les sols : régulation climatique (statut organique du sol), régulation de l'eau (état structural), habitat pour la biodiversité (abondance, activité et diversité microbienne). Les résultats sont attendus pour septembre 2026.
R2024-06 – pEPSI
Perspectives d’élicitation des pois et fraisiers contre les pucerons.
Coordinateur : R. Buonatesta, FytoFend S.A.
Pas moins de 9.000 ha de pois de conserverie (dont 400 ha en agriculture biologique) et 150 ha de fraisiers (dont 31 ha en agriculture biologique) sont recensés en Région Wallonne. Il s’agit de cultures à haute valeur ajoutée confrontées à diverses espèces de pucerons, notamment vecteurs de viroses. Le présent projet vise à identifier – par des méthodes de transcriptomique – si des compositions sont capables de stimuler les défenses naturelles des plantes et donc induire chez celles-ci une résistance contre les insectes ravageurs. Ensuite, les compositions les plus prometteuses seront testées en micro-parcelles pour valider leur efficacité à contrôler les populations de pucerons en pois et en fraisiers. Ces essais seront réalisés par les deux centres pilotes impliqués dans le présent projet : le CPL-Végémar de Waremme et le GFW de Gembloux. Les modes d’action sous-jacents à l’efficacité observée seront ensuite investigués sur base de méthodes de métabolomique et/ou de protéomique. Ces données devront nous permettre d’optimiser, à terme, l’efficacité de la stimulation des défenses des plantes contre les pucerons. Enfin, les résultats (preuve de concept) en micro-parcelles feront l’objet d’une dissémination au travers de canaux complémentaires (visites d’essais, communications auprès des agriculteurs concernés et fraisiéristes mais aussi publications scientifiques).
R2024-08 – CARVISOL
Carbone et vie du sol en AB et ABC.
Coordinateur : Eddy Montignies, Brioaa asbl.
Le projet CarViSol va permettre la mise au point d’un panel d'outils, low cost et low tech, en vue de quantifier et qualifier l’impact de différentes actions entreprises dans le cadre d’une ferme en agroécologie bio. Ces outils permettront une approche globale et adaptée aux agroécosystèmes bio et s'intéressent aux différents paramètres qui pilotent l’activité biologique des sols, des relations sol-plantes-environnement et les flux d’énergie qui en découlent. Ils seront utilisables par les agriculteurs, agronomes et autres praticiens des sols (jardiniers, gestion de parcs et jardins, etc …). Durant ce projet, une comparaison de différentes méthodes de travail du sol et de fertilisation sera effectuée dans des conditions réelles afin de poser les bases d’un référentiel de données et de pouvoir ensuite discuter de la pertinence des pratiques mises en place à différents niveaux :
- meilleure qualification, quantification et compréhension de l’évolution des matières organiques dans les sols, gestion dynamique du carbone ;
- impact des pratiques agricoles sur l’évolution de la microfaune-flore du sol et corrélation avec les paramètres agronomiques (minéralisation, développement de maladies d’origine telluriques ou autres, attaques de ravageurs, etc …);
- corrélation entre microbiologie des sols, des plantes et alimentation produite, approche différenciée de l’alimentation, santé globale.
- des échanges techniques auront lieu tout au long du projet afin de valider ou invalider les outils testés.
A partir de mai 2026, un événement de clôture, des publications dans la presse spécialisée, l’organisation de démonstrations et de formations et la participation à des salons vont permettre la diffusion de l’outil et de cette approche au sein du monde agricole et des institutions qui y sont liées.
R2024-10 – CropFightsWeeds
Evaluation multi-performances de systèmes de gestion des adventices en grandes cultures biologiques.
Coordinateur : Quentin Limbourg, Centre wallon de Recherches agronomiques.
La lutte contre les adventices est une contrainte majeure à la conversion à l’agriculture biologique (AB). Outre le travail du sol et le désherbage mécanique, une stratégie-clé pour le contrôle des adventices consiste en l’amélioration de la compétitivité de la culture via l’association d’espèces. Celle-ci peut prendre deux formes distinctes : la culture associée d’espèces annuelles et la culture d’une espèce de rente sous couvert permanent. Le recours aux associations de cultures nécessite des ajustements techniques ; en revanche, il peut offrir des bénéfices environnementaux, en termes d’émissions de CO2, de qualité de l’eau et de conservation de la fertilité du sol, notamment. Dans ce cadre, le présent projet vise à établir les performances techniques, économiques et environnementales de trois modalités de culture concourant à un objectif double commun, le succès d’une culture de rente et le contrôle des adventices en AB. Les modalités qui seront testées sont les suivantes : (i) culture de rente pure, (ii) culture de rente associée à une culture complémentaire annuelle, et (iii) culture de rente sous couvert permanent. La conduite des cultures sera couplée à l’utilisation de matériel de travail du sol, de semis et/ou de désherbage spécifique aux conditions agronomiques de chaque modalité et innovant. Les défis à relever concernent le choix des espèces et variétés à associer et la bonne conduite de la culture (semis et récolte), auxquels s’ajoute la maîtrise du couvert et l’éventuel tri du grain. Les résultats du projet apporteront des éléments afin d’objectiver les performances technicoéconomiques d’une stratégie audacieuse de gestion des adventices en AB, à savoir, la culture sous couvert permanent, et de l’impact environnemental du labour en AB. Ils seront transférés au secteur par le biais d’articles et d’actions de vulgarisation/communication organisées en collaboration avec Greenotec, le CePICOP et Biowallonie.
R2024-11 – LIPOMME-Bio 2.0
Recherche multi-leviers d’alternatives à l’usage du cuivre pour contrôler les maladies du pommier dont la tavelure en Production Biologique.
Coordinateur : Marc Lateur, Centre wallon de Recherches agronomiques.
Le projet vise à développer des solutions alternatives aux produits à base de cuivre et exploitables en Production Biologique (P-Bio) pour le contrôle des principales maladies en verger telle la tavelure ainsi que de maladies de conservation des fruits. Les vergers professionnels en P-Bio sont très dépendants du cuivre et du soufre pour les traitements. Or ces substances, et en particulier le cuivre, présentent des risques d’effets négatifs sur l’environnement, de par leur nature minérale notamment. Peu de solutions alternatives efficaces existent et les attentes du secteur en la matière sont grandes. L’objectif du présent projet est de travailler sur trois leviers complémentaires : (1) le levier variétal et le degré de tolérances aux maladies – tavelure en priorité. De telles variétés arrivent sur le marché et les premières observations chez des producteurs ont montré qu’avec des variétés très tolérantes à la tavelure, on peut réduire le nombre de traitements de l’ordre de minimum 30 à 50 %; (2) l’intégration de la recherche de biostimulants pour renforcer la plante, augmenter sa robustesse et/ou en stimuler des mécanismes de défense acquise. Ceux-ci seraient couplés, tant aux substances fongicides agréées en P-Bio, autres que le cuivre (principalement à base de soufre), qu’aux substances de base déjà mises en évidence ; enfin (3) la poursuite des optimisations et expérimentations menées dans le cadre du projet Lipomme-Bio 1.0 sur l’emploi de lipopeptides comme fongicides. L’étude de l’association de ces trois leviers constitue une piste de solution pertinente dans la recherche d’alternatives au cuivre et permettra de proposer les meilleures combinaisons d’inclusion de nouveaux produits de biocontrôle, de biostimulants dans des schémas de traitements qui intègreront les données des logiciels d’avertissement et le degré de sensibilité variétale à la tavelure.