Appréhender la croissance de l'herbe
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La production fourragère en Wallonie
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La croissance de l'herbe
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L'impact des sécheresses sur le système fourrager,
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Stratégies d'adaptations des systèmes fourragers pour faire face aux sécheresses
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Synthèse
1. La production fourragère en Wallonie
La Wallonie regroupe deux tiers des prairies permanentes belges en 2020 (65%) avec une agriculture plus orientée vers l’élevage de bovins qui exige une surface prairiale plus importante que la Flandre. En Wallonie, les productions fourragères représentent la plus grande occupation des superficies agricoles sur le territoire avec 56% (soit 413 699 ha de SAU). Elles sont majoritairement composées de prairies permanentes avec 42.1% et en plus faible proportion, des prairies temporaires 7.6% et du maïs fourrager 5%.
La répartition des prairies diffère fortement selon les communes comme le montre la carte ci-dessous. L'occupation des prairies sur le territoire communal est de <250 ha à plus de 5000 ha, autrement dit de 10 à plus de 90% de la SAU communale. Cette répartition est fonction des régions agricoles wallonnes avec des contextes pédoclimatiques variables.
2. La croissance de l'herbe
2.1. Courbe théorique en conditions normales
La hauteur des graminées évolue dans le temps avec une vitesse de croissance qui diffère selon le stade auquel elles se trouvent. La courbe de croissance est de forme sigmoïde comme vous l’explique la vidéo jointe.
La croissance évolue également selon la saisonnalité
En fin d’hiver-début de printemps, malgré une humidité suffisante, les températures fraîches ne permettent pas une croissance importante de l’herbe. Au moment où celles-ci vont augmenter, ainsi que le rayonnement solaire, le pic de pousse de l’herbe aura lieu entre avril et juin en fonction des régions et du climat.
Cette période est caractérisée également par la phase reproductrice des graminées qui pourra passer par plusieurs stades si entre temps il n’y a pas d’exploitation de la parcelle : la montaison, l’épiaison et finalement la floraison.
L’été, quant à lui, est généralement marqué par un déficit hydrique et des températures excessives qui font malheureusement chuter la croissance de l’herbe.
Ensuite, en automne, le rayonnement solaire, les températures et la durée du jour diminuent faisant baisser aussi la production de l’herbe. Elle peut cependant être boostée par les arrières-effets des engrais qui n’ont pas pu être valorisés lors de la période estivale par manque d’eau.
2.2. Facteurs qui influencent la croissance
La productivité des prairies dépend de différents facteurs :
- Du type de prairie (permanente ou temporaire)
- De la flore (graminées, légumineuses et dicotylées) et du type de sol
- Du mode de gestion (fauche, pâturage ou fauche/pâturage) et de l’intensification
- De la fertilisation organique et minérale
- De l’entretien général (étaupinage, ébousage, sursemis, chaulage, …)
- Des facteurs extérieurs (climat, région, ravageurs, maladies)
Focus sur le climat
Focus sur les espèces adaptées au changement climatique
La flore des prairies joue également un rôle très important dans le potentiel de production. De plus, les espèces réagissent différemment au stress hydrique. Il est dès lors possible de dresser une courbe de corrélation entre le rendement et le cumul de précipitations et d’en faire la comparaison par espèce (figure 2). Le ray-grass anglais est la graminée que l’on retrouve le plus souvent dans les mélanges fourragers et dans les prairies permanentes mais il s’avère qu’elle est aussi très sensible au déficit hydrique et aux températures élevées. Le projet ForDrought menée par l’Earth and Life Institute de l’UCLouvain a étudié le comportement de différentes espèces en conditions de stress hydrique dont le ray-grass anglais et le dactyle.
Les résultats de cette étude ont mis en évidence que le rendement du dactyle est moins impacté face à un déficit hydrique. Ils ont également montré que les différences intraspécifiques sont faibles comparativement aux différences interspécifiques. L’expérimentation s’est déroulée à Michamps et à Louvain-la-Neuve. Il a été observé des potentiels de rendement différents pour les mêmes espèces (Ray-grass) confirmant l’influence des conditions pédoclimatiques. Il y a une corrélation entre le rendement et le cumul de précipitations par espèce.
Pour en savoir plus : articles sur « Redécouvrir ou découvrir des espèces adaptées »
Focus sur les disparités par région agricole en Wallonie
Le centre pilote Fourrages Mieux précise que la croissance de l’herbe varie fortement selon les régions agricoles. Les graphiques ci-dessous nous illustrent cette disparité. Ils représentent la pousse de l’herbe mesurée notamment lors des suivis en ferme du projet Sunshine en 2022. Ces suivis sont réalisés dans les régions de l’Ardenne, du Pays de Herve, de la Lorraine et du Tournaisis par Fourrages Mieux et dans les régions de la Hesbaye, du Condroz et de la Famenne par Elevéo. Les mesures de l'herbe sont réalisées toutes les semaines dans les prairies pâturées et fauchées de 13 fermes pilotes (fermes suivies hors du cadre du projet Sunshine comprises). 92 parcelles au total sont suivies chaque semaine par les techniciens. Il s'agit de réaliser à l'aide d'un herbomètre 30 mesures par parcelle ou par hectare.
==> Plus d'informations sur l'herbe au pâturage sont disponibles sur le site internet de Fourrages Mieux
Découvrez la carte interactive de la pousse de l'herbe en 2022
Analyse de la pousse de l'herbe 2022 selon les régions agricoles...
De manière générale, le pic printanier de la pousse de l'herbe est survenu entre fin mars et début mai en fonction de la région agricole. Les régions les plus favorables (la Hesbaye, le Condroz, la Famenne et le Pays de Herve) ayant une pousse de l'herbe plus précoce que les régions défavorables (la Lorraine et l'Ardenne). Ces pics ont atteint des valeurs de 75 à 120 kg de MS/ha/j selon la région, c'est le Condroz qui a eu le pic le plus bas et la Hesbaye le pic le plus haut. La Lorraine a eu un pic à 83 kg de MS/ha/j, l'Ardenne un pic à 100 kg de MS/ha/j, le Pays de Herve à 118 kg de MS/ha/j et la Famenne à 87 kg de MS/ha/j. Ensuite, la croissance de l'herbe à diminué assez fort jusque fin mai, avant d'augmenter à nouveau grâce à des orages apportant suffisamment de précipitations. Les mois de juillet et août ont été très mauvais pour les prairies avec des données mesurées de pousse quasi nulles. Ces valeurs ont seulement augmenté de façon plutôt impressionnante au mois de septembre avec le retour des pluies. Cette année, on peut parler de deuxième (petit) printemps avec une pousse de l'herbe jusqu'à 40 kg de MS/ha/j fin septembre.
Article rédigé par DESMET Florence du SPW agriculture Direction R&D, SE de Huy et Noémie Glesner de Fourrages Mieux
2.3. Intervention en fonction de la saison et de la croissance de l’herbe
La prairie est une culture à part entière qui nécessite une bonne technicité pour optimiser ses productions de fourrages. Nous vous invitons à visionner la vidéo si vous souhaitez découvrir les points clés d'intervention selon la période de pousse de l'herbe.
2.4. Sur le terrain "Comment estimer la biomasse de l'herbe disponible?"
1. L'herbométre
L'herbomètre est un outils pour quantifier l'herbe disponible dans les prairies pâturées.Il permet de mesurer la hauteur comprimée du couvert qui est corrélée à la disponibilité en matière sèche, grâce a un plateau normalisé qui coulisse sur une tige graduée en fonction de la hauteur de l'herbe.
1 cm mesuré = 215 kg de MS par hectare (valeur référencée par le CRA-W parue dans le Sillon Belge du 05/05/22)
2. L'imagerie satellitaire
L’émergence d'une nouvelle génération de senseurs satellites à haute résolution spatiale et temporelle (dont Sentinel-1, Sentinel-2 et PROBA-V) a ouvert la voie au développement de nouveaux prototypes d'applications d’aide à la gestion agricole innovantes et plus connectées à leurs utilisateurs finaux. Ces données couplées avec des algorithmes tendent de décrire la pousse d’herbe en prairie. La calibration et validation de modèles sont en cours. Une analyse de terrain permet d’affiner les résultats. Le projet Sunshine qui a débuté de printemps 2022 espère développer un Outil d’Aide à la Décision (OAD) pour les agriculteurs qui prend en compte des modèles de la pousse de l’herbe complémentaires à l’utilisation de l’herbomètre et aux images satellitaires.
- Objectif principal du projet: avec comme objectif d’accompagner les éleveurs dans cette gestion, le projet SUNSHINE propose le développement d’une version numérique innovante (‘2.0’) d’outil de gestion de la prairie permettant (1) une gestion informatisée des calendriers de pâturage, (2) une modélisation fine, en articulation avec ces derniers, de la pousse de l’herbe et (3) une amélioration des outils destinés à l’évaluation de la ration de animaux.
- Partenariat: Le projet SUNSHINE est réalisé en collaboration entre le CRA-W, Fourrages Mieux, Elevéo et le Centre de Michamps (UCL).
3. L'impact des sécheresses sur le système fourrager
Ces dernières années, on a observé plus fréquemment des sécheresses printanières et estivales qui ont impacté les productions agricoles avec notamment des conséquences difficiles pour la gestion des exploitations d’élevage. En effet, la perte des productions fourragères à ces périodes met à mal l’autonomie des exploitations sur du court terme et nécessite bien souvent des affouragements en prairie qui ont pour conséquence de diminuer les stocks fourragers prévus pour la période hivernale. Et cela d’autant plus si les années antérieures ont déjà été impactées par des périodes de sécheresse, les stocks de l’année précédente ne pouvant alors plus combler les pertes dues à la sécheresse. Les systèmes fourragers se voient fortement perturbés. Nous allons dans cet article tenter de comprendre l’impact du climat sur la pousse de l’herbe et voir selon les situations comment adapter la gestion de son système fourrager.
L’élevage d’herbivores est très vulnérable à la sécheresse car il dépend des productions fourragères. L’éleveur doit s’assurer de répondre aux besoins des animaux tout au long de l’année et les stocks se font généralement à court terme bien souvent pendant l’année en cours. Par ailleurs, les années avec de bons rendements fourragers ne permettent pas de compenser les années de sécheresse. L’impact des sécheresses est double via la perte de fourrages et l’achat d’alternative pour l’alimentation du bétail.
En Wallonie, les pertes des productions fourragères dues aux sécheresses peuvent être bien supérieure à 30%. Les années 2015, 2017, 2018 et 2020 ont été reconnues comme calamité agricole et ont donné droit à une indemnisation pour les agriculteurs. Avec la fréquence plus importante des sécheresses, il faut s’attendre à ce qu’elles ne soient plus reconnues comme calamité agricole car le caractère exceptionnel tend à devenir récurrent. Les agriculteurs doivent donc réfléchir à faire évoluer leur exploitation vers des pratiques plus résilientes.
En affectant la production fourragère en quantité et en qualité, les sécheresses sévères impactent les performances des animaux et leur production de viande ou de lait. Pour faire face, les agriculteurs doivent adopter des solutions de contournement contraignantes et coûteuses, qui peuvent menacer la pérennité même de leurs exploitations : acheter des aliments concentrés, ou diminuer leur cheptel par des réformes d’animaux plus rapides afin de retrouver un meilleur équilibre entre fourrages et troupeau.
La sécheresse se caractérise par une faible distribution ou un déficit marqué de précipitations par rapport à la normale. Elle a un impact important sur les productions fourragères qui ne pourront pas totalement satisfaire les besoins alimentaires des animaux. Pour mieux gérer cette situation critique, des solutions en amont et pendant la sécheresse peuvent être envisagées pour préserver les surfaces fourragères. Aussi, en cas de pénurie, des aliments de substitution inhabituels, source de cellulose et/ou de protéines peuvent être intégrés à la ration des animaux.
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Gestion des surfaces fourragères
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Au préalable prévoir des stocks de sécurité dès la récolte : Prévoyez des stocks de sécurité en fourrages pour pallier au manque d'herbe en cas de sécheresse. En période de sécheresse, le cours des prix des fourrages est élevé. Afin de limiter les achats extérieurs, des stocks de fourrages de « sécurité » (+20 à +30% des besoins annuels) doivent être constitués à la récolte. Cela permettra d'appréhender les périodes s'avérant plus délicates en cas de mauvaises conditions météorologiques. La distribution de fourrages peut commencer dès le mois de juillet en cas de sécheresse estivale ou au printemps lorsque la mise à l'herbe est retardée quand le sol n'est pas assez ressuyé.
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Faire un bilan fourrager avant d'acheter: Avant de décider de l'achat de fourrages en cas de pénurie, il convient de faire le bilan fourrager entre les besoins des animaux et les stocks en herbe et en fourrages prévus sur la période critique supposée. Ce bilan permet de faire la somme des besoins en quantité de matière sèche (MS) nécessaire pour chaque catégorie d'animaux (environ 10kg de MS/UGB/j) et de les comparer au stock disponible sur pied (parcelles de pâturage disponibles) ainsi qu'au stock de fourrages établi pour la saison hivernale (calculé en tonnes de MS).
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Conduite du pâturage
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Ne pas gaspiller l'herbe: En cas de sécheresse, il convient de bien valoriser toute l'herbe disponible pour ne pas la gaspiller. Le chargement (nombre d'animaux/ha) doit être adapté à la hauteur d'herbe disponible dans la parcelle. On optera plutôt pour un système de pâturage tournant pour limiter la formation de zones de refus. Les parcelles doivent être divisées. Les animaux sont réintroduits lorsque la repousse a atteint 8 à 10 cm de hauteur. Si les refus s'accumulent ou si des zones avec beaucoup de graminées épiées se développent, il faut les faucher et les récolter. Ces fourrages pourront servir à alimenter des animaux à moindres besoins. De plus, tant que des épis sont présents, les graminées ne fabriquent pas de nouvelles feuilles. La fauche des épis va permettre aux plantes de redémarrer un nouveau cycle.
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Surtout ne pas dégrader les pâtures: Lorsque la prairie est trop râpée par un surpâturage excessif (en dessous de 3 cm de hauteur) et en conditions sèches, les repousses sont compromises. En effet, les entre-nœuds des graminées (Poacées), où sont accumulées les réserves à la base de la plante, sont prélevés. Lorsque la prairie est trop rase, la surface de feuilles est plus faible. La photosynthèse est réduite et la repousse sera retardée. En période de sécheresse, il faut épargner les zones pâturées dès que la végétation atteint 3 cm (hauteur d'herbe entre semelle et talon, dépassant légèrement la semelle) en sortant les animaux des parcelles et en les affourageant. Cet affouragement doit être réalisé sur des parcelles spécifiques (paddocks) afin d'épargner les autres.
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Allonger la période de pâturage à l'automne : Pour éviter d'entamer trop vite les stocks de fourrages prévus pour la période hivernale, on pourra allonger la période de pâturage en automne sur les prairies permanentes à condition que les sols restent portants (pas de formation de boue excessive par le piétinement). Il faudra cependant respecter un temps de repos hivernal (au moins 2 à 3 mois) pour les parcelles exploitées au printemps pour favoriser la régénérescence du couvert végétal. Par ailleurs, l’allongement de la période de pâturage n’est pas préconisé sur les prairies temporaires. Elles sont sensibles au piétinement et leur capacité de régénération au cours de l’hiver est moindre.
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Récolte des fourrages
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Faucher tôt: En condition de sécheresse, le stade « épiaison » des graminées est atteint plus rapidement. Il convient alors de faucher tôt pour obtenir un fourrage de meilleure qualité (en énergie et protéines). De plus, on profitera de l'humidité restant dans le sol pour alimenter la repousse suivante et bénéficier d'une plante plus jeune. Cette dernière redémarrera plus vite suite à une période de pluie. Ne pas faucher trop bas. Faucher très bas permet d'augmenter le rendement mais compromet aussi la repousse lorsque le temps reste au sec. La règle d'une coupe à 5 - 6 cm de hauteur permet au couvert végétal de rester « vert » en fin de chantier de fourrage et d'envisager un meilleur redémarrage. Cela limite aussi l'apparition de sol nu accélérant la dessiccation du sol.
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Fertilisation après la fauche: Une fertilisation minérale azotée sur les prairies temporaires à base de graminées adaptées à la sécheresse (fétuque, dactyle), voire sur des prairies permanentes moins sensibles à la chaleur que le ray-grass, peut être réalisée juste après la fauche si les sols ne sont pas trop desséchés. La quantité d’azote minéral devra être cohérente avec la croissance de l’herbe attendue, la part des légumineuses et les apports antérieurs de fumier. Après une période de sécheresse et au retour de la pluie à l'automne, en présence de chaleur et d'humidité, on assiste à une minéralisation naturelle importante. Cela signifie une transformation des macro-éléments de l'humus et de la matière organique en éléments minéraux nutritifs (N, P, K) directement disponibles pour la plante. Il n'est alors pas forcément nécessaire de réaliser une fertilisation minérale chimique (N, P, K). On privilégiera plutôt en toute fin de saison (automne) un apport de fumure organique type compost. Cela permet de renforcer la résistance des prairies de longue durée (pour la saison suivante), par l'introduction d'humus, matière organique dont la minéralisation sera lente et continue au cours de la période hivernale.
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Prévision de la croissance de l’herbe suite aux changements climatiques
Différentes études annoncent une modification de la courbe théorique de la pousse de l'herbe dans les prochaines décennies en raison des changements climatiques:
- précocité de la pousse avancée au printemps
- potentiel de croissance augmenté lors d'hiver doux (température plus chaude)
- amplitude de la courbe de croissance plus grande au printemps et en été due aux épisodes de sécheresse plus fréquents
- variabilité plus importante entre les années
Simulation de modification de la pousse de l'herbe: courbes de croissance comparées (en kg de MS par ha et par jour) de la production actuelles et à venir (source Idele)
Jérôme Pavie, chef du service fourrage et pastoralisme à l’Idele en France, partage son avis sur la question : « Globalement, on aura peut-être la même production fourragère en rendement de matière sèche par hectare. Mais sera-t-on capable d’aller exploiter nos prairies quand il y aura de l’herbe ? La portance le permettra-t-il ? Le pâturage en hiver sera-t-il possible ? Et est-ce que l’intensité de la sécheresse d’été ne sera pas telle que le rebond d’automne sera fortement altéré ? En 2020 déjà la sécheresse s’est prolongée et la reprise automnale n’a pas eu lieu dans certaines régions. En revanche, un pâturage d’hiver a été possible. Tout cela pose la question de l’adaptation des systèmes à cette nouvelle courbe de production de la prairie. Les stocks réalisés au printemps pourraient ne plus servir à nourrir les animaux l’hiver mais l’été, avec un pâturage d’hiver là où c’est possible ».
4. Stratégies d'adaptations des systèmes fourragers pour faire face aux sécheresses
4.1. A court terme
Cette variation annuelle de la production fourragère de la prairie nécessite une adaptation en termes de gestion d’exploitation selon deux axes complémentaires :
- Diminuer rapidement les besoins du troupeau (anticiper les réformes, augmenter la durée de tarissement), en période estivale pour adapter le cheptel aux capacités minimales de la prairie,
- Compléter le potentiel alimentaire en période estivale par un apport extérieur. Le complément alimentaire pouvant être apporté par fauchage et stockage du surplus printanier, multiplication de la surface de pâture en été, achat de fourrage extérieur
- Important d'estimer l'évolution de son stock fourrager avant d'acheter (il est possible de se faire conseiller auprès de Fourrages Mieux)
4.2. A moyen terme
- Implanter des cultures fourragères résistantes au stress hydrique ayant un système racinaire plus fort comme la luzerne, le dactyle, les fétuques, le plantain ou la chicorée. Notons que la qualité nutritionnelle de ces espèces est inférieure au Ray Grass.
- Semer des prairies multi-espèces à base de légumineuses ( le trèfle par exemple) qui sont plus robustes face aux aléas climatiques
- Implanter des couverts fourragers
4.3. Anticiper ces aléas à plus long terme, notamment
Cette variation annuelle de la production fourragère de la prairie nécessite une adaptation en termes de gestion d’exploitation selon deux axes complémentaires :
- Diminuer rapidement les besoins du troupeau (anticiper les réformes, augmenter la durée de tarissement), en période estivale pour adapter le cheptel aux capacités minimales de la prairie,
- Compléter le potentiel alimentaire en période estivale par un apport extérieur. Le complément alimentaire pouvant être apporté par fauchage et stockage du surplus printanier, multiplication de la surface de pâture en été, achat de fourrage extérieur
- Implanter des cultures fourragères résistantes au stress hydrique ayant un système racinaire plus fort comme la luzerne, le dactyle, les fétuques, le plantain ou la chicorée. Notons que la qualité nutritionnelle de ces espèces est inférieure au Ray Grass.
- Semer des prairies multi-espèces à base de légumineuses ( le trèfle par exemple) qui sont plus robustes face aux aléas climatiques
- Implanter des couverts fourragers
- Choisir des races d’élevage rustiques capables de s’adapter à des conditions qui fluctuent,
- Réduire le nombre de bêtes (extensification <>intensification) pour assurer son autonomie alimentaire en prenant en compte les aléas climatiques
- Mise en adéquation des besoins des animaux avec la pousse saisonnière de l’herbe
- Adapter les périodes de vêlage (vêlage de printemps ou deux périodes, l’une au printemps et l’autre à l’automne)
- Réaliser le tarissement en période estivale
- Implanter des haies amenant de l’ombre au troupeau et atténuant le stress hydrique de la prairie (agroforesterie = chercher l’eau en profondeur)
- Implanter des haies fourragères pour complémenter le pâturage en période estivale quand l’herbe manque (attention volume limité pour de grands troupeaux)
La PAC 2023-2027 tient compte des changements climatiques et vise à améliorer la résilience du système fourrager
La Politique Agricole Commune 2023-2027 a parmi ses objectifs de répondre aux changements climatiques. Pour ce faire, de nombreuses mesures sont mises en place. En lien avec la thématique de la résilience du système fourrager face aux sécheresses, il y a les mesures qui visent au maintien des prairies permanentes notamment grâce à leur capacité de stockage du carbone dans le sol et leur contribution à la réduction des émissions de GES. Il y a également celles qui de manière plus générale favorise l’autonomie fourragère des exploitations afin d’en améliorer la résilience.
Conditionnalité – les bonnes conditions agro-environnementales
- BCAE 1 maintien des prairies permanentes sur base du ratio de PP sur la surface agricole
- BCAE 9 interdiction de convertir ou de labourer des prairies permanentes désignés comme PP écologiquement sensibles sur des sites Natura 2000
Eco-régimes
- L’éco-régime « Prairie permanente »
- L’éco-régime « Cultures favorables à l’environnement »
- L’éco-régime « Maillage écologique » (ME) encourage le maintien des prairies extensives et des éléments du paysage
Mesures agro-environnementales
- Les MAEC « Prairies naturelles » et « Prairies à haute valeur biologique »
- La MAEC « Autonomie fourragère »
- Les MAEC « Parcelles aménagées » et « Tournières enherbées »
==> Information sur les interventions de la Politique Agricole Commune 2023-2027
Synthèse de l’intérêt du suivi de la pousse de l'herbe pour améliorer la résilience face aux sécheresses
- Forte variabilité saisonnière et annuelle de la pousse de l'herbe suite aux changements climatiques
- Un suivi minutieux de la pousse de l'herbe pour mieux anticiper les stocks et adapter les pratiques face aux changements climatiques
- Diversifier les assolements et les espèces dans les productions fourragères
- Adapter la charge bétail au potentiel de production fourragère de son exploitation
Cette page a été rédigée avec la collaboration de la Direction R&D du SPW ARNE, Fourrages Mieux et le Centre des technologies Agronomiques: