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Les jeunes dans l’agriculture wallonne – Mise en place d’un observatoire des jeunes agriculteurs

En Wallonie, plus d’un tiers des exploitations sont gérées exclusivement par des personnes de plus de 57 ans, qui sont susceptibles de remettre leur exploitation dans les dix prochaines années. La question du renouvellement des générations en agriculture est donc cruciale pour garantir une production alimentaire locale et le maintien des exploitations familiales. En Wallonie, le jeune agriculteur moyen est un homme de 33 ans qui travaille en tant qu’indépendant à titre principal, qui s’est installé à 26 ans après avoir suivi une formation en agriculture. Il travaille en association, dans une exploitation de 75 hectares et détient un troupeau bovin.

Le secteur agricole wallon a perdu plus de la moitié de ses effectifs en 30 ans. Depuis quelques années, le nombre d’exploitations semblait se stabiliser mais en 2023, une perte de 2 % est constatée.

Le secteur agricole doit faire face à de nombreux défis : aléas climatiques et sanitaires plus fréquents et plus intenses, volatilité des prix, charges administratives importantes, problèmes d’accès au foncier, …

Avec le soutien du plan de relance, la Direction de l’Analyse Economique Agricole (SPW ARNE-DEMNA) met en place un observatoire des jeunes agriculteurs. Celui-ci a pour objectif de réaliser une photographie annuelle de la situation autour des jeunes en agriculture. 

Qui sont les jeunes agriculteurs ?

En 2023, on dénombre 2 739 jeunes (de moins de 41 ans) travailleurs actifs en agriculture en Wallonie. Ils sont âgés en moyenne de 33 ans et se sont installés à 26 ans.  79 % d’entre eux exercent leur activité à titre principal.

La majorité des jeunes sont des hommes (81 %). Parmi le 69% de jeunes ayant renseigné leur formation à l’Organisme Payeur de Wallonie, 98 % indiquent avoir suivi une formation à orientation agronomique. Ils ont, dans 41 % des cas, un diplôme de type CESS ou CQ6 à orientation agronomique ou horticole ; un tiers a suivi une formation postscolaire (ex cours B), le reste (23%) a suivi une formation de type supérieur.

Les femmes représentent 19 % de l’ensemble des jeunes agriculteurs. Elles s’installent en moyenne 3 ans plus tard que les hommes. Cela s’explique sans doute par plusieurs facteurs : le besoin de garantir un revenu fixe au sein du ménage, une tendance culturelle à transmettre l’exploitation au fils plutôt qu’à la fille, une volonté d’émancipation via le travail à l’extérieur de l’exploitation agricole,….  Une part moins importante (65 %) de femmes travaille à temps plein sur l’exploitation. Seulement 5 % des jeunes femmes ont opté pour le statut de conjointe-aidante, ce qui est nettement moins que leurs ainées, où elles sont 23 % à avoir opté pour ce statut. Les femmes suivent plus des formations de type supérieur mais également de formations post scolaires (ex cours B) que leurs homologues masculins.

Les exploitations où il y a des jeunes agriculteurs

En 2023, il y a un total de 2 492 exploitations agricoles et horticoles impliquant au moins un jeune, ce qui représente un cinquième de l’ensemble des exploitations wallonnes. La transmission des exploitations agricoles peut se faire soit entièrement soit partiellement, raison pour laquelle on retrouve dans 51 % des exploitations avec jeunes des associations d’agriculteurs. Dans 5 % des exploitations, il s’agit d'associations uniquement avec des jeunes agriculteurs.

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Quelle est la taille et où se situent les exploitations avec jeune ?

Les exploitations avec jeunes exploitent une plus grande surface que l’ensemble des exploitations wallonnes puisqu’elles exploitent en moyenne 75,5 hectares ce qui représente 25,4 % de la SAU totale. 63 % des exploitations avec jeunes détiennent au moins 10 bovins pour un effectif moyen de 210 bovins.

Au niveau géographique, c’est en toute logique dans la province du Hainaut que l’on retrouve le plus d’exploitations avec jeunes puisque c’est également la province qui compte le plus d’exploitations agricoles. Si on regarde la part relative d’exploitations avec jeunes, la région jurassique se démarque avec 42 % des exploitations où l’on retrouve un jeune agriculteur.

Dans quelles productions sont spécialisées les exploitations avec un jeune ?

En 2023, ce sont surtout des exploitations bovines spécialisées qui prédominent puisqu’elles représentent 48 % des exploitations dites professionnelles avec jeunes, ce qui est similaire à la situation wallonne. Par rapport à l’ensemble des exploitations wallonnes, il y a une part moins importante d’exploitations spécialisées en bovins viandeux (-5 %), au profit d’exploitations spécialisées en bovins laitiers (+6 %) et des exploitations combinant bovins laitiers et viandeux (+3 %). La spécialisation en grandes cultures concerne une exploitation avec un jeune sur quatre.

De manière relative, c’est-à-dire en fonction du pourcentage d’exploitation « jeunes » par rapport au total des exploitations agricoles wallonnes, la part d’exploitations avec un jeune est la plus faible dans les exploitations-type spécialisées en grandes cultures (17 %) et bovins viandeux (19 %). A contrario, elle est la plus importante dans l’orientation technico-économique (OTE) consacrée à l’horticulture, où les exploitations avec jeunes représentent 33 % du total alors que cette OTE ne représente que 2 % des exploitations avec jeunes, en raison du faible nombre d’exploitations dans cette OTE. A noter également, une part importante d’exploitations avec jeunes dans les exploitations spécialisées en bovins laitiers (30 %) et dans la catégorie « autres secteurs ».

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Les exploitations combinant bovins laitiers et viandeux sont celles ayant le plus grand cheptel. Le travail à plusieurs agriculteurs est plus important en élevage spécialisé bovins laitiers et combinant bovins laitiers et viandeux puisque qu’il est présent dans près de 70% de ces exploitations professionnelles avec jeune.

Conclusion : évolutions notables, stabilité globale

Les jeunes agriculteurs sont donc bien présents dans les exploitations en Wallonie. Ils sont largement plus formés que leurs ainés. On observe toujours cette tendance à l’agrandissement des exploitations et une part importante d’associations d’agriculteurs. Le secteur de l’élevage, qui demande une main d’œuvre plus importante, reste bien présent dans le paysage wallon mais avec une part plus importante du secteur bovin laitier au détriment du secteur bovin viandeux. Le développement d’autres productions : volailles, ovins caprins, horticulture… est également bien présent dans le secteur.